L’allée couverte du Bois de la Plesse à Lithaire

HISTORIQUE
La petite allée du Bois de la Plesse sur les hauteurs de Lithaire a été découverte en 1965 par B. Edeine. « M. B. Edeine a nettoyé et restauré en partie une petite allée couverte inédite…Au cours des travaux ont été mis au jour quelques silex taillés et une petite pendeloque en argile cuite portant une perforation biconique. Aucune dalle de couverture ne subsiste au-dessus de ce monument » (1) .

La description précise et complète du monument est publiée par le même auteur en 1971 dans les bulletins de la SPF (2), voir ci-dessous.

LOCALISATION

La commune de Lithaire est, depuis 2016, rattachée administrativement, par fusion de quatre communes, à Montsenelle. Parcelle 413 section B de la commune de Lithaire.

Coordonnées GPS : 49°17’07″N 1°29’43″W

DESCRIPTION

Nous reprenons une partie du travail publié par B. EDEINE en 1971.

"Cette allée couverte, orientée en gros ouest-est, l’entrée étant à l’est,
 est située dans la parcelle cadastrale dite « le Bois de la Plesse »; 
appartenant à l’Hospice de Lithaire, parcelle 413 de la section B,
 à 50 m au sud d’une crête de rochers naturels en grès classés 
récemment au titre des sites en 1966. 
Nous avons nettoyé et désouché le terrain, dégagé les piliers après
 avoir dressé un plan de son état avant restauration. Puis nous avons
 dégagé le centre de l’allée, dans laquelle se trouvait encore une table
 effondrée que nous n’avons pu remettre en place car elle était en
 partie brisée et nous avons redressé et remis en place 9 piliers de
 1,5 à 2 tonnes après avoir vérifié leur logement et remis les pierres
 de calage. Il manque cependant 4 ou 5 piliers et les tables. Nous avons
 constaté que cette allée couverte comportait un vestibule et une 
chambre fermée par une cloison de pierre plate mise à chant, dressées
 perpendiculairement aux grands côtés de l’allée, environ à la moitié 
de sa longueur, ces pierres ayant une hauteur actuelle de 40 à 50 cm. 
L’allée couverte du Bois de la Plesse (source : site internet Wikimanche.fr)
Cette allée était aussi entourée d’un péristalithe (3). Nous avons fait un sondage au
 centre de l’allée et dans la chambre et nous avons mis au jour une sorte de dallage
 très grossier bouleversé d’ailleurs, enrobé dans une terre gris cendre très dure. Au 
cours du nettoyage de ce dallage, nous avons trouvé dans les interstices entre les 
dalles une petite pendeloque en argile cuite avec trou de suspension biconique (...) 
En septembre 1967, nous avons terminé l’étude de cette année couverte. Nous avons
 reconnu et remis en place les éléments du péristalithe qui est composé de petites 
dalles placées debout dont la hauteur varie hors du sol de 30 à 70 cm parallèle au
 grand côté de l’allée, côté nord et sud mais formant une abside en demi-cercle à
 l’ouest c’est-à-dire au côté opposé de l’entrée entre l’allée proprement dite et le
 péristalithe.
plan de l’allée couverte dressé par B. EDEINE 1971
Nous avons mis en évidence ce qui pourrait être une sorte de dallage grossier mais surtout
 nous avons constaté que du côté de l’entrée de cette allée couverte, entre les premiers
 piliers et le commencement du péristalithe, il y avait une série de pierres plates plus ou
 moins couchées que nous avons redressées sans déplacer leur base et qui formait une
 façade droite de belles pierres jointives.
Il y avait ainsi quatre pierres de chaque côté. Devant cette façade, en nettoyant le sol 
on voit ce qui pouvait être un dallage grossier mais il faut être prudent car le sol est 
formé de très nombreux débris de pierre du même genre un peu partout. 
Cette allée couverte située sur la partie nord d’une vallée à quelques dizaines de mètres
 du sommet de cette pente devait être de construction très soignée. Les piliers sont
 verticaux et choisis de façon à laisser le moins possible d’interstice entre eux. Ils 
devaient être d’une hauteur sensiblement égale compte tenu de l’épaisseur des
 tables qu’il soutenaient et ne dépassant pas une hauteur de 1,12 m au-dessus 
du sol, le moins haut ayant 97 cm. Cette découverte présente un certain intérêt 
pour la Normandie car ce genre d’allée couverte n’y avait pas encore été signalé.
  Il paraît d’ailleurs assez rare en Bretagne même puisque L’Helgouach n’indique
 comme allée de ce type que celle de Liscuis III en Laniscat (Côtes du Nord) et
 celle de Kernick en Plouescat. Il ne nous a pas
été possible de savoir si cette allée couverte était sous un tertre disparu de nos
 jours. En tout cas ce tertre, s’il a jamais existé aurait certainement été construit
 avec des pierres trouvées sur place d’où peut- être ce dallage qui paraît exister
 entre l’allée et le péristalihe.
Quoi qu’il en soit cette allée couverte de petites dimensions 8 m de longueur non
 compris le péristalithe sur une largeur hors-tout de 2 m en moyenne, présente
 un double intérêt : elle est, comme nous l’avons dit unique en son genre en
 Normandie y compris les îles angles normandes et d’autre part elle semble
 se rattacher ou au moins rappeler comme les allées couvertes du même
 type en Bretagne, certaines allées couvertes irlandaises.
Il  serait nécessaire de vérifier ce dernier fait, d'autant qu'à des époques
 postérieures,  certaines découvertes faites dans le Cotentin ont prouvé
 qu'il y avait eu des relations entre l'Irlande et cette partie de la Normandie
, telle la découverte du torque en or fait en 1844 à Flamanville que l'on peut
 attribuer au Bronze moyen ou au début du Bronze final. cette allée couverte
 du Bois de la Plesse ne porte aucune trace de figures pariétales, aucun
 élément ne peut nous permettre de lui donner une date précise pour le
 moment, tout au plus et à titre hypothétique peut-on l'attribuer au Néolithique
 final soit aux alentours de 2000 avant Jésus-Christ".

On retrouvera le plan de l'allée couverte de Plouescat-Kernic dressé par L'Helgouach
dans la notice de ce site consacrée à l'allée couverte de Tourlaville.


Dans le même article, B. Edeine mentionne une autre allée couverte inédite,
 "en cours d'étude et de restauration". Nous n'en savons pas plus aujourd'hui,
 s'agit-il des quelques dalles couchées dans un champ à proximité (voir illustration) 
Les restes erratiques d’une seconde allée couverte, plus au sud ? (source : site internet Mégalithes du Monde)

(1) Informations de Gallia Préhistoire 1967, t.X, p.323-324

(2) Edeine B. L’allée couverte du bois de la Plesse à Lithaire. Bull. de la Soc. Préhistorique Française.  T.68-1, 1971, pp 20-25.

(3) Un péristalithe désigne le périmètre d’un tumulus, pouvant être matérialisé par un parement, comme c’est le cas ici (note de G. AUBOIRE)

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