Diversité et répartition des mégalithes dans la Manche

Les mégalithes comprennent  des sépultures collectives (allées couvertes, « dolmens » au sens large, au nombre de 21 environ) , les menhirs (entre 30 et 40), les polissoirs (2 ou 3) et les autres pierres que l’Homme a manipulées.

Le département de la Manche compte un peu plus d’une cinquantaine de mégalithes. Beaucoup ont disparu depuis le XIXe siècle, époque à laquelle on commença à s’y intéresser. Le vandalisme, l’appât du gain, l’ignorance et la bêtise furent les principales raisons de leur destruction. Des exemples de ces destructions seront donnés dans chaque rubrique. La quantité de lieux-dits évoquant des mégalithes disparus est suffisamment importante pour penser que leur densité de répartition était d’un tiers à la moitié plus forte qu’à l’heure actuelle.

repartitionL’essentiel des mégalithes de la Manche se concentre dans le Cotentin (voir ci contre), c’est-à-dire au nord d’une ligne passant par Carentan et Lessay.
L’origine de cette répartition ne semble pas résider dans la géologie de la région : les roches cristallines, le plus souvent employées, se rencontrent jusque dans le sud du département. Sans doute faut-il y voir un reflet de l’implantation humaine au néolithique : les côtes étaient selon toute vraisemblance plus peuplées que l’intérieur de terres. Mais cette implantation ne se faisait pas obligatoirement à proximité immédiate de ces côtes.

Ainsi, si l’on note qu’un certain nombre de sépultures collectives ont été installées en vue directe sur la mer (Vauville, Fermanville et dans une moindre mesure Maupertus et Vierville), d’autres en sont éloignées de plusieurs dizaines de kilomètres.
Parmi celles-ci, il faut noter le site, exceptionnel par sa densité, de Rocheville, près de Bricquebec, où l’on ne compte pas moins de quatre sépultures collectives (dont une seule nous est parvenue) dans un rayon de quelques centaines de mètres.

Les tumulus se concentrent de manière très préférentielle dans la Hague où l’on peut en rencontrer encore une demi-douzaine non fouillés et pour certains ignorés. Nombre d’entre eux ont été fouillés au siècle dernier ou au début de ce siècle. Une demi-douzaine a été anéantie purement et simplement en quelques minutes lors de la construction du centre de la Cogema dans les années 60. Une mention doit être faite du tumulus de Vierville près de Carentan, l’un des très rares à avoir fait l’objet d’une étude scientifique complète

Pour ce qui concerne les menhirs, aucun alignement n’a été identifié de manière certaine en Manche même si l’on a pu parler parfois de cromlech. La difficulté d’identification réelle d’un menhir en tant que tel rend périlleux d’en étudier leur répartition réelle. La mise en place, dans les champs, de « gratteux », pierres verticales destinées au bétail est un exemple de source de confusion commune. La délimitation de parcelles, la signalisation de carrefours ou de gués se sont également faites de tout temps par des pierres levées. Les « devises » de Carneville ou de Saint-Pierre-Eglise en sont de beaux exemples.

Enfin, les polissoirs sont très peu nombreux et se rencontrent surtout dans le sud du département. Les cromlechs sont inconnus dans le département si l’on fait exception d’un cas possible dans la Hague, à Vasteville. Toutefois, des cromlechs ont bien été identifiés dans les îles anglo-normandes.

12 commentaires

  1. Joli site lisible et agréable d’accès…..question : sur le numéro 18 de LESTRE que peut on trouver….j’ai un faible pour ce site sur lequel j’ai renové ma première chapelle et trouvé en fouilant une sculpture enfouite dans une haie…d’autres pièces sont sans doute masquées sous la terre..piam

    • Merci de ton encouragement. Il avait été signalé à Lestre, au siècle dernier, un tumulus ou tertre au lieu-dit « La Butte ». Les auteurs de cette époque hésitent entre un tumulus et une motte féodale. Nous pourrions rajouter « un accident géologique »…

  2. Merci pour les renseignements. Je vais tenter de visiter ce site avec mes enfants si cela est possible. Encore merci.

    • Difficile parfois de distinguer un amas géologique d’un mégalithe. Le bon sens doit mettre en évidence une intentionnalité lorsqu’il s’agit d’un mégalithe. Mais le temps, et trop souvent le vandalisme sont passés par là (rappelons que les premiers mégalithes apparaissent en France entre le 5e et le 6e millénaire) et il arrive qu’un mégalithe soit méconnaissable. Inversement, des chaos granitiques ou les hasards de l’érosion peuvent façonner de manière très trompeuse ce qui n’est qu’une œuvre de la nature. Alors désolé, pas de solution miracle, chaque cas est un cas d’espèce, qui peut ne pas trouver de réponse définitive.

  3. Bonjour,

    Qu’avez-vous trouvé à Jullouville et à Longueville?

    Bien à vous

    • Sur Jullouville, vous trouverez facilement le menhir de la Pierre-au-diable, anciennement sur la commune de Bouillon (Jullouville résulte de la fusion de trois communes en 1972) dont je parle dans la rubrique « menhirs ». Dans son inventaire de la fin du XIXe siècle, Voisin signale que de nombreuses pièces d’argent ont été trouvées à proximité du mégalithe. Le même auteur signale à Longueville un autre menhir (« à peu de distance de la route de Coutances à Granville »), dénommé « la Pierre-Hu » ou Pierre-Aigüe » d’une hauteur de 3,35m, en calcaire siliceux. Bonne recherche !

  4. Conc: la carte de la Manche. Disposez-vous des coordonnées Lambert de chaque mégalithe ? Salutations distinguées, Jean Sabbe

    • A l’époque de l’étude, les coordonnées géographiques n’étaient pas aussi aisées à établir qu’à l’heure actuelle avec des outils comme Google Earth par exemple. Mais cela devrait venir car mes archives conservent tous les sites concernés sur carte géographique. Donc, actualisation prochaine en ce sens…

  5. bonjour , il nous semble avoir sur notre propriété un reste de base de donjon, peut-être pourriez apporter votre expérience pour le dater et en faire émerger son ‘histoire…

    • Bonjour, je réponds à votre message avec un peu de retard, veuillez me pardonner. Au-delà de la préhistoire qui est ma spécialité de formation, il se trouve que je m’intéresse aussi aux donjons médiévaux, mon domaine de prédilection étant les donjons circulaires des Xe/XIIe siècles de Normandie et de la région Centre, avec quelques publications sur ces thèmes.
      Puis je vous demander où se situe la base de donjon dont vous me parlez et peut-être quelques photos ?
      Bien cordialement
      Guy AUBOIRE

  6. Frédéric BRAND

    Bonjour,
    Votre site me redonne de l’espoir, dans la mesure où je cherche une explication. En effet, je suis venu sur le secteur Cherbourg-La Hague en 1984 à l’occasion d’un chantier bénévole. Durant nos loisirs, l’animateur socio-culturel du CE des travailleurs du nucléaire nous a montré un cromlech tout à fait remarquable. Il était sur ce secteur mais je suis incapable de dire s’il était situé sur le domaine de la COGEMA ou non. Aujourd’hui, j’ai beau questionner mes ami-e-s connaisseurs et habitants de la Manche, voire même de retourner sur place pour retrouver le monument, il leur est inconnu.
    Comme vous parlez des mégalithes encore visibles mais aussi de ceux détruits par ignorance, bêtise… je me demande si malheureusement l’explication ne serait pas à chercher de ce côté ?

    • Bonjour, je suis assez dubitatif quant à l’existence d’un cromlech sur le site nucléaire de La Vague. Rien dans la littérature, ni récente ni ancienne, ne l’atteste. À moins qu’un tel site ait été fouillé sans donner lieu à une publication voire même une autorisation de fouille. N’hésitez pas à nous recontacter si vos recherches aboutissent.

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